J’adore mon travail… mais je ne supporte plus mon boss!
J’aimerai partager avec vous quelques réflexions sur le décalage qu’il peut y avoir entre l’amour de notre travail et un mal-être que certains connaissent: ça ne passe pas avec le chef!! C’est une situation qui n’est vraiment pas rare, et que deux personnes qui suivent Ma Trajectoire m’ont encore révélé il y a peu de temps. Je l’ai moi-même connu deux fois, et ça a été destructeur. J’en parle à la fin de cet article.
Dans le dernier test sur le bonheur au travail, il peut y avoir mille raisons d’être heureux, et mille d’être malheureux. Mais on retrouve des constantes. Si quelqu’un est vraiment malheureux sur tous les domaines, la raison l’emporte et il trouve autre chose, ou il décide de partir… même si cette décision n’est jamais facile à prendre, c’est de la survie mentale et morale. Mais il découle souvent de ce test que certains facteurs sont très bons et d’autres très mauvais. L’un des plus courant, est l’opposition entre l’amour du métier et la mauvaise, voire très mauvaise relation avec ses supérieurs. Les autres paramètres (salaire, environnement, tâches…) sont à ce moment là entre les deux ou acceptables.
Pour travailler correctement, au niveau efficacité, mais également envie de produire, bien-être au travail, et bien-être personnel, l’environnement est très important. Bien sûr, la responsabilité ne doit pas être mise uniquement sur les conditions extérieures. Nous pouvons travailler là dessus. Par exemple, si deux personnes saignent, l’une d’elle pourra s’évanouir à la vue du sang, quand l’autre ira jusqu’à goûter son sang par curiosité. Le fait est le même: la situation extérieure est la même. Mais c’est notre relation à la chose qui diffère. C’est sur ce point que personnellement, nous pouvons travailler, si possible avec un accompagnement, pour changer notre relation à notre environnement de travail, pour mieux le vivre, mieux l’accepter ou l’appréhender, et ainsi avoir de meilleures conditions de travail, sans que rien autour n’ait changé! C’est possible, et très efficace, même si c’est un réel travail qui peut prendre plusieurs mois.
Relation avec son supérieur
Il en est de même avec la relation à son supérieur. Elle est primordiale dans notre travail (si toutefois nous avons un supérieur). Elle peut également se décliner à la relation aux collègues, voire aux clients ou aux fournisseurs, mais la fonction du supérieur direct affecte énormément notre bien-être. Ce que nous accomplissons dépend de ses attentes, et demande une reconnaissance de sa part. Les troubles peuvent venir des attentes non comprises au niveau pratique, au niveau de leur sens, ou leur exécution non conformes aux attentes, trop originales, décalées, ou encore trop ambitieuse (marchant sur le terrain du chef) ou à l’inverse, pas au niveau. Ou bien encore, et très fréquemment, les troubles viennent de l’après exécution, le rendu est réalisé, mais il n’y a pas de retour, pas de feedback, nous ne savons pas si le travail que nous avons accompli correspond, plaît, répond à la demande… Et par là, c’est toute notre personne qui crie à la reconnaissance. Notre travail, en particulier si nous y avons mis du coeur, c’est un peu de notre personne. Nous passons plus de la moitié de notre temps à nous y consacrer, et parfois passionnément. S’il n’y a pas de retour, ne serait-ce qu’un « c’est bien », nous avons cette impression frustrante d’avoir fait les choses pour rien, pire, de n’ETRE rien…
Le besoin de reconnaissance n’est pas qu’un égo-trip, ce n’est pas un caprice pour les gens nombriliste, ou ceux qui ont besoin de plaire, c’est un réel besoin primaire, le sentiment d’appartenance et de réalisation. Pour les plus passionnés, il reprend également le besoin de sécurité affective, qui est bien plus important dans l’échelle des besoins de Maslow. Il n’est donc pas à prendre à la légère, et personne ne devrait culpabiliser à avoir ce besoin ou cette demande, c’est tout à fait légitime et un bon chef le sait. Ce n’est pas pour rien que c’est un facteur déterminant dans le test du bonheur au travail.
Travail: Je t’aime… moi non plus
Il arrive donc fréquemment que ce manque de reconnaissance par le patron se couple avec l’amour de son travail. Plus on aime ce que l’on fait, plus on y trouve du sens, voire sa mission de vie, plus on s’investit en temps et surtout en affectif dans sa tâche. En découle plus de besoin de reconnaissance, car on joue presque sa vie dans l’accomplissement de son travail, cela nous touche fort. Si cette reconnaissance ne vient pas, nous sommes affectés personnellement, doutons de notre capacité professionnelle, mais également de notre mission, de nos valeurs, de notre place dans ce travail, et parfois dans le monde: suis-je à la bonne place? quelle est ma mission?… Les questions existentielles s’accumulent tandis que la confiance en soi dégringole… et on a l’impression de se perdre soi-même. Pour pallier à cela, soit on passe ces soirées à pourrir notre patron dans notre coin, ce qui n’arrange rien du tout et nous met dans un mauvais état d’esprit pour aller au travail, soit on se tue à la tâche, mettant les bouchées doubles pour gagner cette reconnaissance… et c’est le risque de burn-out!
A ce moment-là, quoi faire?? Un boulot qui est à la fois amour et haine… qu’est-ce qu’on fait avec ça? On s’est tellement investit dedans, on aime tellement ce que l’on fait, on y voit, ou on y voyait du sens, il nous collait à la peau… mais ce n’est plus possible, plus dans ces conditions! Quoi faire? rester ou partir? changer de manière de faire, ça veut dire quoi? plaire au patron? mais comment? faire son travail de manière alimentaire, le minimum? ce n’est pas possible pour ces personnes si engagées dans ce qu’elles font… Quoi faire? Partir? on m’attend peut-être ailleurs où je serai plus utile? je saurai montrer mon talent et le donner à la société en m’épanouissant? Mais où? quand serait-ce possible? et la sécurité financière? Et tout ce que je vais perdre? mes clients, mes collègues, mon bureau, mes partenaires, ma petite routine, mon carnet d’adresse…
3 grands sauts
Souvent à ce stade, il y a un grand saut. Quelque chose à faire, pour sa survie morale. Cela peut être un travail avec un coach pour changer notre « relation au sang », c’est à dire notre relation à notre patron, aux attentes, aux suppositions que l’on fait, au langage que l’on a dans notre tête pour évaluer (ou ruminer) tout ça… Le suivi de coaching peut également aborder la communication, mais surtout un positionnement de recul, voire de mise à la place du patron, autre perspective, autre angle d’attaque, prise de conscience, et recalage des faits pour ce qu’ils sont.
Cela peut également être un départ, pour un autre contexte de travail. C’est un grand saut, et il peut également être positivement accompagné par un coach, en particulier s’il s’agit d’une reconversion.
Le dernier grand saut est celui qui risque de s’imposer si les deux premiers n’ont pas été réalisés à temps: dépression ou burn-out. C’est un plongeon qui alors s’impose à vous, et vous devez absolument en tirer les conséquences pour ne pas y replonger, et tout simplement, pour en sortir, et en sortir grandit!
Mon expérience
Pour finir, j’aimerai partager mon expérience sur ce sujet: J’ai connu deux fois cette situation, en tant que prof de musique en collège. Etant passionnée de nature, je fais mon travail avec coeur. Dans le premier cas, mon chef était peureux de tout projet, et me sappait tout le travail entrepris, si bien que mes projets ne pouvaient pas se réaliser. Le feedback qu’il me renvoyait était celui d’une débutante ou une incapable, ne faisant pas les choses correctement. J’étais furieuse de cette image qui ne me correspondait pas du tout. Sans être parfaite, j’étais tout à fait capable et compétente. Mais mes idées lui compliquaient la vie, donc il fallait les écarter. J’ai pris cela à coeur. Si bien que le problème personnel du patron est devenu le mien, un rejet de mes capacités et de mon investissement. Plusieurs mois difficiles, accumulé à une situation médicale compliqué avec l’un de mes enfants, j’ai été arrêtée dans un état de dépression légère.
L’année d’après, le chef a changé. C’était un chef qui excellait dans le domaine de la reconnaissance et de la confiance. J’ai utilisé cette confiance qui me donnait des ailes, me suis sentie à ma place avec une grande liberté de création, et j’ai accompli mon plus beau projet: organiser, gérer et diriger musicalement un opéra avec une centaine d’enfants venant de 9 établissements scolaires de la primaire au lycée, avec un grand orchestre. L’environnement n’avait pas changé, uniquement le chef.
La deuxième fois, mon chef était plutôt quelqu’un avide de pouvoir, et mes idées de projet, quoique très bénéfiques à l’établissement, étaient ignorées, voire rejetées soit sans raison, soit pour des raisons tout à fait incompréhensibles pour moi. Cette incompréhension et cette indifférence m’a mise en colère, de cette colère est venu un excès de zèle qui m’a fait encore plus travailler et voir les choses en plus grand, pour sans doute que mes projets soient acceptés. Je croyais vraiment à ma mission et à l’apport positif de ce que j’entreprenais pour les enfants et pour l’établissement. De plus, 15 autres adultes étaient investis dans ce projet et soutenaient concrètement son accomplissement. Donc j’étais reconnue par mes pairs, par les élèves, et par les parents d’élèves. Seulement voilà, je prenais trop de place, je devenais trop populaire, donc gênante car ce n’était pas mon chef qui décidait, elle avait l’impression que cela lui était imposé, ou que je marchait sur son terrain, et elle a fait preuve d’autorité pour casser le projet, pour son égo. J’avoue que mon égo a aussi souffert lorsque j’ai pris la décision, avec l’équipe d’abandonner ce beau projet, mais surtout, je me suis dis: quel gâchis!! pour les enfants surtout! tout cela pour des querelles de clocher… J’ai accusé le coup en vivant un burn-out: tout d’un coup, le corps dit STOP, et on n’a pas le choix, on doit s’arrêter. S’arrêter de travailler n’est pas tout: arrêter le corps, l’esprit, l’investissement affectif est le chemin nécessaire pour prendre assez de recul pour en sortir. Plonger, au fond, là où ça fait mal, là où l’on n’est plus rien, outrepasser la culpabilité d’être dans cet état lamentable, faire son automne, puis son hiver, pour mieux pouvoir en ressortir en printemps, avec une germination de graines, d’autres graines, dans une nouvelle terre. Bref, GRANDIR de nos expériences de dégringolades morales, mentales et physiques.
Durant cette période, j’ai toujours su, même au plus profond de la chute, que j’en sortirai plus grande. C’est ce que je vous souhaite à tous si vous connaissez une période de ce type. Gardez confiance! Nos ressources sont toujours là, même si elles se mettent en jachère pendant un temps. Ce temps est nécessaire à notre réparation. Et encore une fois, ce passage de vie est important à partager, un accompagnement est tout à fait utile. Si vous êtes en dépression, un psychologue est bienvenu. Mais il ne s’agit pas forcément pour vous de comprendre le pourquoi, mais plutôt d’avancer vers: « qui suis-je, je veux me retrouver et construire la vie qui me va vraiment, dans laquelle je peux m’épanouir ». Dans ce cas, l’accompagnement par un coach vous emmènera vers la construction de l’avenir en passant par la reconstruction de vous-même.
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