Busy, busy, busy

Busy, busy, busy

Sacrée maladie du siècle, celle d’être débordé… ou trop occupé en tout cas.

Lorsque la réponse  à « comment vas-tu? » n’est pas « bien merci », histoire de rester poli et d’écourter les salamalecs, les réponses les plus entendues ensuite sont « Je suis débordé! », « Je n’ai pas le temps », ou « J’ai tellement de trucs à faire! ». Si cette réponse peut d’un côté flatter l’ego, car paraître débordé est un « must » dans notre société actuelle (où si l’on ne fait rien, on est un fainéant, littéralement « fait néant »), le ton de la voix dans ce genre de réponses est en général exacerbé, fatigué, et accompagné d’un grand soupir.

Ce qui est terrible, c’est que nous souffrons de cela, nous le supportons pour je ne sais quelle habitude, quelle image à donner, quelle idiotie à prouver, ou quelle soumission, et en plus, nous le transmettons à nos enfants! « Dépêche toi! », « Tu vas être en retard! » sont des paroles familiales quasi quotidiennes. Dès le jeune âge, certains enfants sont déjà submergés d’activité, si bien que le simple fait d’organiser un après-midi avec un camarade demande de s’y prendre 3 mois à l’avance tellement ils sont « occupés ». Les habitudes horriblement destructrices commencent tôt, très tôt.

Comment avons-nous fini par vivre comme ça? Pourquoi nous infligeons-nous cela? Pourquoi faisons-nous cela à nos enfants? Quand avons-nous oublié qu’un ETRE humain n’est pas un FAIRE humain? Qu’est-il arrivé à un monde dans lequel les enfants, au lieu de connaître l’ennui qui laisse rêver et entraîne leur imagination (donc leur créativité), soient surchargés, et du même coup stressés et occupés – tout comme nous?

Nous ne connaissons plus les moments rares où nous pouvons nous asseoir avec les gens que nous aimons tant et avoir des conversations lentes sur l’état de notre cœur et de notre âme, des conversations qui se déroulent au rythme des choses que l’on apprécie, des conversations avec des pauses pleines de sens, et des silences que nous ne sommes pas pressés de remplir?

Comment avons-nous créé un monde dans lequel nous avons de plus en plus à faire avec moins de temps pour les loisirs, moins de temps pour la réflexion, moins de temps pour la communauté, moins de temps pour simplement … être? Comment sommes-nous censés vivre, apprécier les choses de la vie, être et devenir pleinement humains quand nous sommes si occupés?

Cette maladie d’être « occupé », voire « débordé », est spirituellement destructrice pour notre santé et notre bien-être. Il sape notre capacité à être pleinement présent avec ceux que nous aimons le plus, et nous empêche de former le genre de communauté dont nous avons tous si désespérément besoin.

Depuis les années 1950, nous avons eu tellement de nouvelles innovations technologiques que nous pensions que le progrès rendrait notre vie plus facile, plus rapide et plus simple. Pourtant, nous avons moins de temps « libre » ou « tranquille » aujourd’hui qu’il y a des décennies.

Pour certains d’entre nous, les « privilégiés », les frontières entre le travail et la maison sont devenus flous. Les téléphones intelligents et les ordinateurs portables signifient qu’il n’y a pas de division entre le bureau et la maison. Quand les enfants sont au lit, nous sommes de retour en ligne. Nous sommes sur nos appareils sans discontinuer, même en mangeant, même dans notre lit!… et cela ne choque plus personne… même si cela contribue au stress continue, aggrave le mauvais sommeil, et finit par détruire des couples.

Nous croulons pratiquement tous sous une avalanche de mails

… notifications en tout genre, à tel point que nous entendons la petite cloche même quand elle ne sonne pas! Toute forme de détox est de courte durée, peu efficace, ou alors nous coupe définitivement du monde social ou professionnel.  Et les gens attendent une réponse – tout de suite!… Mais moi aussi, il s’avère que…  je suis tellement occupé!

Ceux qui ont moins de chance d’être accaparés par les outils numériques, le sont par le travail, qui est parfois est double ou avec des horaires trop compliqués pour avoir une vie de famille… et pourtant, ce travail, ils le font pour que cette famille ait un toit et quelque chose sur la table. Ce n’est donc pas une tare sociale que d’être très occupé. Cela semble concerner pratiquement tout le monde!… en tout cas dans les pays occidentaux.

Les vieux modèles, y compris celui d’une famille nucléaire avec un parent travaillant à l’extérieur de la maison (si elle a jamais existé), sont morts pour la plupart d’entre nous. Nous avons maintenant une majorité de familles soit monoparentales, soit où les deux parents travaillent à l’extérieur de la maison.

Comment ça va?

Lorsque je demande « Comment ça va? », je ne demande pas combien de points il y a sur votre liste de tâches, ni ne demande combien de mails sont dans votre boîte de réception. Je veux savoir comment va votre cœur, en ce moment même. Dites-moi. Dites-moi que votre cœur est joyeux, dites-moi que votre cœur vous fait mal, dites-moi que votre cœur est triste, dites-moi que votre cœur a besoin d’une touche humaine. Examinez votre propre cœur, explorez votre âme, puis dites-moi quelque chose sur votre cœur et votre âme.

Dites-moi que vous vous rappelez que vous êtes toujours un être humain, pas seulement un pilote automatique. Dites-moi que vous êtes plus qu’une simple machine, en cochant des éléments de votre liste de choses à faire. Dites moi et communiquez avec moi dans une conversation avec un regard profond, ce contact des fenêtres de l’âme, et ces silences qui en disent long. Regardez-moi dans les yeux, et branchez-vous sur ma fréquence une seconde. Dites-moi quelque chose de votre cœur, qui réveille le mien. Aidez-moi à me souvenir que moi aussi je suis un être humain, qui aspire  à être humainement touché.

Dans ce monde de sur stimulation, même nos espaces de relaxation prennent souvent la forme de films remplis d’action (mais sans réfléchir), de shopping effréné dans la foule des grands magasins, ou de sports violents et rapides.

Nous avons besoin d’une relation différente au travail, à la technologie. Nous savons ce que nous voulons: une vie pleine de sens, un sens de la communauté, une existence équilibrée. Il ne s’agit pas seulement de « se pencher » sur des iPhones plus rapides. Nous voulons être vraiment humains.

W. B. Yeats a écrit:

« Il vous faut plus de courage pour examiner les coins sombres de votre propre âme qu’ un soldat pour se battre sur un champ de bataille. »

Comment exactement sommes-nous censés examiner les coins sombres de notre âme quand nous sommes si occupés? Comment sommes-nous censés pouvoir nous observer si nous ne nous arrêtons pas, peu, ou jamais?  Nous avons besoin d’un modèle différent pour organiser nos vies, nos sociétés, nos familles, nos communautés.

 

Je veux que mes enfants soient sales!

Oui, je veux que mes enfants soient sales, désordonnés, et qu’ils s’ennuient. Je veux que nous ayons une sorte d’existence où nous puissions faire une pause, nous regarder dans les yeux, nous toucher les uns les autres et nous interroger ensemble: Je veux sentir et partager comment mon cœur se porte. Je veux prendre le temps de réfléchir à ma propre existence. Je veux être suffisamment en contact avec mon cœur et mon âme pour savoir comment je m’en sors et je savoir exprimer l’état de mon cœur. Et à partir de là, je veux pouvoir savoir comment le cœur des autres autour de moi se porte, comment la nature me fait du bien et respire avec moi, comment je peux contribuer au monde d’une manière bien meilleure en prenant le temps de l’observer et de l’écouter, de l’admirer.

Alors, la prochaine fois que la réponse sera « Je suis débordé! », aurons-nous le courage de dire « Oui, mais comment vas-tu VRAIMENT? », et prendrons-nous le temps, le réel temps de qualité, pour en écouter la réponse… et les profonds silences qui vont avec?

 

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