Le paradis… c’est flippant!

Le paradis… c’est flippant!

J’aimerai vous raconter un épisode clé de ma vie.

Nous habitions, mon mari, mes 3 enfants en bas âge à ce moment-là, et moi, sur une île tropicale… ce qui peut paraître vraiment sympa comme ça, mais sans famille autour et à des milliers de kilomètres de la métropole française, nous avions peu l’occasion de souffler en couple. Mes parents sont venus nous visiter pendant 2 semaines, et nous avons saisi l’occasion pour nous offrir un sas de liberté (tant attendu) en amoureux ! Chéri avait, avec galanterie, tout organisé et je me laissais porter, commençant déjà à souffler un peu.

C’était idyllique ! Nous sommes arrivés dans un petit port de pêche, où nous attendait un petit monsieur avec une barque à moteur. L’eau était bleu lagon, lisse comme un miroir, et le ciel était complètement dégagé nous permettant d’admirer les reliefs des chapelets d’îles autour. Il nous a emmené dans un tout petite îlot qui ne comportait qu’une seule maison ! Une île déserte !!! Rien que pour nous ! Sous les tropiques ! Le pied intégral !! Le truc auquel pense la plupart des gens qui rêvent d’emporter le loto !

En plus, cette très jolie maison était loin d’être une cabane minable où nous aurions joué les Robinson, non, le luxe absolu : nous avions deux gentilles dames qui étaient là pour nous faire à manger, arranger notre chambre, et nous apporter des cocktails pour les moments où nous serions dans notre hamac à… gloups… comment dire… argh… « NE RIEN FAIRE » !

Et là, c’est l’angoisse totale ! Panique à bord !! Bouffée de chaleur (parce qu’il faisait 39°) mais qui ressemblait plutôt à une sueur froide. Montée d’adrénaline, vous savez, pas celle qui met en mouvement pour un challenge, celle qui picote et glace le corps comme une décharge électrique et qui révèle en un instant très fugace la peur de mourir, ou pire, celle d’être emprisonné !

Dans ce lieu paradisiaque, chéri a vite compris le truc – c’est lui qui a choisi l’endroit – il s’installe avec un Ti’ Punch dans un hamac avec un bouquin dont l’épaisseur me laisse penser qu’il en a pour un moment. Je le dévisage et regarde autour de moi… L’île est vraiment exceptionnelle : la maison toute en bois et en aération naturelle est magnifique, les palmiers tombant dessus font juste l’ombre dont on a besoin. Un ponton ajoute de la grâce au lieu. Plus loin, une plage, une forêt, et un petit piton. La météo est idéale, nous offrant une vue splendide sur la baie, et aucun risque qu’une pluie tropicale ne vienne perturber notre séjour. Je suis là, regardant tout ça, les yeux un peu dans le vide, mais je ne vois pas toute cette beauté, je n’en suis pas capable. Je suis figée sur mon angoisse : « Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire ici ??? ». Le vide sidéral me liquéfie, tandis que chéri m’invite à imiter son mode farniente. Je ne vais tout de même pas rester dans un hamac toute la journée ? ça craint, non ?

J’entreprends une exploration des lieux, pour voir ce qui est possible de faire sur ce morceau de caillou.

Sur la berge, je vois des kayaks. Je reviens toute excitée et demande à chéri : « Viens, on va faire le tour de l’île, ça ne devrait pas prendre plus qu’une heure, ce sera chouette ! ». Lui, affalé et déjà imbibé d’un nectar local, se sent peu motivé par l’affaire, mais m’invite à me faire plaisir. Pleine de l’énergie de l’explorateur allant découvrir un nouveau monde et affronter les éléments, je saute dans un kayak et commence à prendre plaisir à ce petit séjour, à apprécier le turquoise de l’eau où l’on peut observer les poissons à l’œil nu, à suivre de manière complice les colibris le long de mon cabotage. Puis, la barrière infernale ! Le récif ! L’endroit où l’océan mange littéralement la douce et tranquille eau calme et bienfaisante du lagon. Je regarde ces vagues énormes et d’un bleu noir terrifiant par rapport à ce que je viens de traverser. Le fracas de leur déferlement est assourdissant ! J’ai l’impression de devoir passer le détroit de Magellan. Si je le fais, je serais une héroïne. Vais-je avoir assez de tripes pour traverser ? Je tente quelques approches avec un nœud dans la gorge (je n’ai même pas de gilet de sauvetage !). Je me rends bien compte qu’il faudrait que l’on soit au moins 4 à pagayer à toute vitesse pour pouvoir franchir cette vague, si tenté qu’il n’y en ait pas d’autre après ! Après un temps de réflexion, je me résigne à mon échec, en convenant avec moi-même qu’il n’était pas sage de passer, car il y aurait très bien pu y avoir des requins.

Je reviens, l’impression d’être bredouille, et au même point qu’avant. Chéri, au moins 3 Ti’Punch plus tard et les doigts de pieds toujours en éventail : « ça va, tu profites ? » … Que répondre… Je me dis alors que je vais explorer l’île par la terre. Je vise de mes yeux ce sommet de caillou doré par le soleil, et la fraîche végétation luxuriante qui y mène. C’est possible ! Estimation : 2 heures aller-retour. C’est parti. En short et tong, comme tout le monde par ici et ainsi que nous vivons depuis plus d’un an.

La forêt est magnifique. Ce qu’il y a de bien dans cette région, c’est qu’il n’y a aucune vraie méchante bêbête. Après avoir suivi une vague trace, je ne vois plus vraiment de sentier à suivre. Je suis confiante, pensant que je ne peux pas me perdre, il suffit que je redescende pour retrouver le ponton. Je continue et tout en admirant la végétation tropicale luxuriante qui offre des fleurs et même des fruits en pleine forêt, et de la fraîcheur à fleur de terre. Mais au fur et à mesure de ma progression, je me sens de plus en plus imbriquée dans la végétation. Je dois pousser les branches, marcher sur des tapis de plus en plus touffus, j’en perds mes tongs et commence à être griffée par les brindilles. Bientôt, il me faut même couper de branchettes pour aller plus loin.

J’ai toujours été terrorisé par les locaux se promenant avec un « coupe coupe », cette espèce de machette énorme, longue comme un bras, et qui rebique au bout, si bien que mon imaginaire aime me projeter à des scènes meurtrières au Rwanda. J’aurais bien eu besoin de cet outil pour continuer mon ascension ! La voie est close ! C’est fatal, je ne peux avoir la possibilité d’aller plus loin, en tout cas pas équipé comme je suis, sans être complètement écorchée de partout. J’ai l’impression d’essuyer un nouvel échec. Je n’ai pas été jusqu’au sommet, pas eu la chance de vivre l’expérience d’être le maître du monde d’une terre jamais explorée (enfin, c’est ce que j’aimais à me dire !), et, très déçue de ne même pas avoir de vue sur la baie et le lagon, tellement la forêt est touffue !!

Je redescends, dépitée et à vrai dire un peu vexée, et cette fois-ci, avec une relation à la forêt beaucoup moins complaisante !

Chéri a presque fini son pavé !! Il pense à manger une langouste au barbecue !… OK, allons-y. Au moins, je fais quelque chose !

J’ai tout de même passé une journée entière dans le stress de ne rien faire. La deuxième journée, j’ai encore FAIS des choses, mais ça allait déjà mieux : jeux de société, baignade, plongée au tuba, ramassage de corail, bavardage avec les dames de la maison, câlins avec chéri, recocktail et regeuleton… Il m’a fallu le 3è jour pour vraiment comprendre… NE RIEN FAIRE… C’est ETRE, tout simplement. Je vois ainsi dans mon addiction à l’action ce qui me permet d’échapper à MOI, à m’affronter, à être seule face à moi-même, à me rencontrer dans un espace sans limites, ou à aller trop loin et profond dans qui je suis, avec mes joies et mes souffrances. Dans les conditions idéales dans lesquelles nous étions, cette oppression d’être dans le vide aurait dû être un sentiment de liberté d’avoir de l’espace. Tout est une question de point de vue après tout. Quel est mon choix ?

Et vous ? Avez-vous également eu des expériences de ce genre ? Sensation d’emprisonnement à cause de trop de liberté ? Panique de ne rien avoir à faire ? Racontez-moi dans les commentaires, votre vie m’intéresse !

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